Libre opinion – Une mauvaise qualité de l’air dans nos écoles nuit à l’apprentissage

20 août 2013 |Chris Eustace – Professeur à la retraite et grand-père, Pierrefond|Éducation

À la fin du mois, au Québec, près de 900 000 élèves retourneront sur les bancs de leur école primaire ou secondaire. Quarante pour cent des écoles de la plus grande commission scolaire du Québec, la Commission scolaire de Montréal (CSDM), sont situées dans des édifices qui ont été construits il y a plus de 60 ans. Certaines écoles situées sur l’île de Montréal sont plus vieilles encore… Par exemple, Macdonald High School, à Sainte-Anne-de-Bellevue, a plus de 100 ans.

Dans l’ensemble, nous n’arrivons manifestement pas à assurer l’entretien de nos écoles vieillissantes de manière satisfaisante. Tout au long de la dernière année scolaire, la question sensible de la qualité de l’air dans nos écoles a largement été traitée dans les médias. Certaines écoles, que ce soit dans les commissions scolaires francophones ou anglophones, sur l’île de Montréal ou à l’extérieur de l’île, ont été confrontées à des problèmes de moisissures, ce qui les a contraintes à fermer leurs portes, à déménager ou à être nettoyées.

En novembre dernier, le vérificateur général du Québec par intérim, Michel Samson, a publié un rapport dans lequel il critique les commissions scolaires pour ne pas avoir procédé aux inspections nécessaires quant à la qualité de l’air dans les écoles. Il a également souligné l’incapacité du ministère de l’Éducation à transmettre des directives claires aux commissions scolaires. À cause de cela, les commissions scolaires « ne savent pas ce qu’elles sont censées faire », a expliqué M. Samson.

En fait, les commissions scolaires soutiennent que le gouvernement n’a pas établi de normes sur la qualité de l’air. La ministre de l’Éducation actuelle, Marie Malavoy, semble espérer que le nouveau comité, constitué des autorités de santé publique et d’experts en qualité de l’air et en entretien d’immeubles, permettra de trouver des solutions au problème.

Pas de consignes claires

En février dernier, des parents, des professeurs et des membres du personnel de soutien affiliés aux écoles de la CSDM se sont réunis au sein d’une nouvelle coalition, la Coalition pour des écoles saines, pour s’attaquer aux problèmes liés aux infrastructures vieillissantes de nos écoles. La coalition souhaite la création d’un budget de 100 millions de dollars par année pendant dix ans par le gouvernement du Québec afin d’éliminer la moisissure et améliorer la qualité de l’air dans les écoles de la province.

La majorité de la population connaît les risques liés à la pollution atmosphérique, mais peu de citoyens se rendent compte des conséquences sur la santé qu’entraîne une exposition à un air ambiant de mauvaise qualité. Des études menées par Santé Canada et par son équivalent américain indiquent que les niveaux de pollution de l’air sont souvent plus élevés à l’intérieur qu’à l’extérieur. Au Québec, nous passons beaucoup de temps à l’intérieur en raison de la longueur de nos hivers, et il est donc important que nous fassions attention à la qualité de l’air ambiante. Une mauvaise qualité de l’air provoque de nombreuses maladies, contribue à l’augmentation du taux d’absentéisme et limite la concentration des élèves.

La mauvaise qualité de l’air ambiant est souvent due, entre autres choses, à la présence de moisissures, de champignons, de bactéries, de virus, de plomb, de pesticides, d’allergènes et de matériaux de nettoyage ou de construction. Nous avons appris récemment qu’une école située à l’extérieure de l’île de Montréal présentait des concentrations anormalement élevées de radon. Cette découverte a sans aucun doute été possible grâce à une recommandation du gouvernement qui ordonnait de fait aux écoles d’effectuer des tests de détection de radon.

Malheureusement, il n’existe pas encore de directives de ce genre concernant la qualité de l’air ambiant. Et en l’absence de consignes claires de la part du ministère de l’Éducation, il existe aussi des différences entre la politique adoptée par les commissions scolaires, et les applications qui en sont faites au niveau des écoles.

Par conséquent, il sera nécessaire que les commissions et les écoles – et tout particulièrement le conseil d’établissement des écoles – travaillent de concert dès cet automne pour que soient appliqués des protocoles officiels d’analyse de l’air dans les établissements scolaires. Comme l’a souligné la Coalition pour des écoles saines à la CSDM, « les parents et le personnel scolaire doivent connaître en temps réel ce qui se passe dans leur école ». Plus tôt nous nous attaquerons aux problèmes liés à la qualité de l’air, moins nous devrons investir à long terme afin de les régler.

Une bonne qualité de l’air est un facteur clé en vue d’accomplir la mission de l’école : éduquer nos enfants. Il est du devoir du gouvernement du Québec que nos écoles aient de bons bilans en matière de santé, afin que nos enfants puissent apprendre dans un environnement sain.

Chris Eustace – Professeur à la retraite et grand-père, Pierrefond

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